Visitez la distillerie d’huile essentielle Les Senteurs du Claut

Le samedi 12 Octobre 2024, j’ai eu la chance de pouvoir visiter la distillerie d’huile essentielle Les Senteurs du Claut, située dans l’arrière pays niçois.

Cette chance, je l’ai partagée avec quelques élèves du Diplôme Universitaire de Phytothérapie et d’Aromathérapie (que j’ai passé cette même année à la Faculté de médecine de Nice).

C’est dans ce cadre, et parce que cette expérience était fabuleusement riche en enseignements et en belles valeurs humaines, que je vous partage mes ressentis à travers cet article.

J’espère qu’il vous incitera à visiter une distillerie d’huile essentielle proche de chez vous, si cela vous est possible, surtout si comme moi, vous êtes utilisatrice d’huiles essentielles.

Visite des Senteurs du Claut

J’ai donc rencontré Christophe Cottereau, gérant des Senteurs du Claut, producteur d’huiles essentielles, hydrolats (ou eaux florales issues de la distillation) et cosmétiques bio.

Aux Senteurs du Claut, on ne lésine pas sur la qualité des produits. Celle-ci est garantie et valorisée par de nombreux labels de renoms : Nature et progrès, le syndicat des simples, FNAB et Agriculture Biologique. Christophe nous a présenté ces différents labels. Il les a choisi pour leur éthique commune à l’entreprise, tant au niveau environnemental que social.

En effet, Christophe prône le travail en conscience, bienveillance et respect à la fois de la Nature (dans la sélection, la taille ou récolte uniquement manuelle, puis la transformation des plantes) et des êtres humains qui travaillent dans l’entreprise (Christophe est entouré de 2 employés qui l’aident pour la confection de produits cosmétiques, et le suivi/expédition des commandes).

D’où provient la ressource ?

Nous avons pu nous essayer à la cueillette, muni d’un grand drap plié autour de nous, afin d’y déposer les plantes pendant la récolte. Le maniement de la faucille est un art, nous explique Christophe, tant pour celui qui récolte (au risque de se blesser, s’il ne pratique pas les bonnes postures pour un geste répétitif, souvent accroupie) que pour le respect de la plante elle-même (on ne gâche pas le végétal, qui est une partie du vivant, en le taillant n’importe comment). C’est tout le savoir-faire d’un paysan-herboriste que nous découvrons ici.

Les végétaux utilisés sont généralement choisis dans les hauteurs de l’arrière pays (préservé au maximum de pollution). Lorsqu’un terrain intéresse Christophe car il y a repéré une espèce, il interroge la commune pour savoir à qui ce terrain appartient, et demande ensuite l’accord au propriétaire pour pouvoir y récolter sa matière première. Parfois c’est sauvage, parfois issu de culture. Dans tous les cas, un contrat est établi, et Christophe veille au respect de taille du végétal afin que celui-ci perdure au même endroit après son passage.

Au Senteurs du Claut, c’est un parti-pris : aucun végétal n’est broyé ! Les parties de plantes distillées sont rigoureusement sélectionnées (rameaux, feuilles,…).

Lors de notre visite, Christophe avait récolté 115kg de rameaux terminaux avec baies de genévrier. Nous l’avons aidé à les placer dans l’un des 2 alambics de l’entreprise. Il l’a ensuite refermé et scellé, puis nous a invité à descendre voir les produits de la distillation au-dessous.

Distillation par entrainement à la vapeur d’eau

L’alambic est composé d’une cuve en inox, dans laquelle on met les plantes fraîches. La vapeur d’eau arrive par en dessous et traverse les plantes, récupérant des principes actifs, pour redescendre sur les cotés, dans des tuyaux placés autour de la cuve, eux-même refroidis à l’eau pour créer par condensation de la vapeur : de l’hydrolat et de l’huile essentielle (dans le cas des plantes aromatiques) qui surnage dans cet hydrolat. Les 2 parties sont séparées dans un ballon décanteur. L’hydrolat est ensuite filtré.

La distillation (ou entrainement à la vapeur d’eau) est lente, complète (pour extraire l’ensemble des molécules de la plante, dont la composition est différente en début et en fin de distillation), faite à basse pression et jusqu’à environ 96°C (via une chaudière à gaz). Seules les plantes aromatiques (thym, basilic, sarriette, romarin, lavandes,…) produisent des essences (et donc de l’huile essentielle après leur distillation). Les plantes non aromatiques (plantain, ortie,…) sont simplement distillées pour produire de l’hydrolat.

Lorsqu’il s’agit de plantes fraîches fragiles (comme les pétales de roses par exemple), Christophe les dépose sur des plateaux plats, superposables dans l’alambic (voir photo ci-dessous).

Pour les Senteurs du Claut, l’objectif est d’obtenir 1L d’hydrolat, pour 1kg de plante fraîche, de manière à avoir une bonne concentration en principes actifs (pas trop dilués).

Ici, pour les 115kg de genévrier, au bout de 7 heures de distillation, Christophe a obtenu environ 120L d’hydrolat (rapidement, au bout d’environ 2 heures) et 300ml d’huile essentielle de genévrier. (il y en avait 240ml quand nous l’avons quitté, au bout de 5 heures).

Stockage et utilisation

Les huiles essentielles sont ensuite stockées dans des flacons en verre, à l’abri de la lumière, et les hydrolats dans des bidons en inox. Tout cela dans une cave de maturation, maintenue à température constante.

Aucun conservateur n’est ajouté aux produits de la distillation. Les plantes fraîches sont distillées à partir d’une vapeur d’eau de source de montagne, potable.

Pour rappel, les hydrolats sont destinés à la consommation alimentaire et à la cosmétique. L’hydrolat conserve une partie des principes actifs de la plante distillée et peut être consommé par tout le monde (y compris les enfants et les femmes enceintes), c’est un traitement doux, quotidien, agissant sur le long terme. Contrairement à l’huile essentielle (qui est chargée en molécules volatiles plus diverses, issues d’un temps plus long de distillation) et ne doivent être utilisées qu’en traitement ponctuel, de crise, et à bon escient (sans faire n’importe quoi, l’aromathérapie comporte des effets secondaires et contre-indications, comme les médicaments).

La composition des huiles essentielles des Senteurs du Claut est définie biochimiquement grâce à une chromatographie, permettant d’indiquer des espèces botaniques précises.

Je ne rentrerai pas plus dans les détails de composition d’une huile essentielle – si vous êtes intéressé(e), vous n’avez qu’à vous inscrire au DU de phytothérapie et d’aromathérapie de la Fac de médecine. 😃

Un laboratoire de cosmétique est également présent sur place afin de développer une gamme de baumes corps, visage ou lèvres conçus à partir des huiles essentielles de la ferme, et des mélanges d’hydrolats à vaporiser comme une brume sur le visage. Les Senteurs du Claut proposent aussi des huiles végétales et des macérats solaires.

Impact environnemental de l’utilisation d’huile essentielle

C’est particulièrement impressionnant de voir l’énorme quantité de végétal récolté avant distillation, et le temps qu’il faut (7 heures !) pour obtenir la toute petite quantité d’huile essentielle. Ça permet vraiment de se rendre compte déjà que l’hydrolat est un produit plus facile d’accès (et moins dangereux), plus responsable aussi (ratio 1 pour 1, et moins énergivore). Mais surtout, cette visite permet de prendre conscience du fait que l’huile essentielle est un produit rare et précieux ! D’autant plus, avec les désastres écologiques qui s’annoncent et se multiplient ces derniers temps. La santé naturelle est très « à la mode » et si elle est pratiquée à tort et à travers, sans conscience de l’épuisement des ressources du végétal, c’est qu’il faut encore changer notre vision des choses. C’est pourquoi je vous invite (vous qui lisez ces lignes, où que vous soyez, et d’autant plus si vous utilisez l’aromathérapie) à visiter une distillerie d’huiles essentielles proche de chez vous !

P.s. : si la pratique de la santé naturelle, en conscience vous intéresse, je vous recommande la lecture du « Manuel de phytothérapie écoresponsable, se soigner sans piller la planète » d’Aline Mercan (une intervenante rencontrée aussi lors du Diplôme Universitaire de phyto-aroma).

Aux Senteurs du Claut, les résidus de plantes, une fois la distillation terminée, sont ré-utilisés en tant que paillage dans les champs autour de la propriété. L’eau de montagne utilisée pour le refroidissement de la cuve (50 à 60L par heure) est en première partie recyclée pour passer en vapeur (comme elle est déjà chaude, cela économise du gaz de la chaudière), l’autre partie, ainsi que l’hydrolat restant (une fois le quota atteint) sont évacués directement vers les vergers de la propriété, en arrosage.

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme !

Antoine Lavoisier

Après chaque distillation, Christophe passe environ 2 heures au nettoyage de la cuve et des tuyaux à l’eau chaude et au savon bio. Suivi d’une passe à vide de vapeur.

Où trouver les produits des Senteurs du Claut ?

Les produits des Senteurs du Claut sont vendus sur place : sur rdv au 04.93.02.10.72, puis remis à la ferme : route d’Utelle 06420 La Tour sur Tinée, ou bien sur le site internet des senteurs du Claut : lessenteursduclaut.fr

Vous les trouverez aussi dans de nombreux magasins bio de la région. Cette année, j’ai eu la chance de croiser Christophe au marché de Noël du Rouret, et de pouvoir boucler la boucle de cette merveilleuse visite-expérience en rapportant un petit flacon (2ml) de l’huile essentielle de genévrier que nous avions distillée ensemble. (Je l’utiliserai avec parcimonie en cas de crise de calculs rénaux dont l’amoureux souffre parfois, elle aide à les dissoudre).

La distillerie d’huile essentielle Les Senteurs du Claut aspire à sensibiliser et éduquer tout un chacun à la magie des plantes. C’est pourquoi, des journées portes ouvertes sont organisées certains dimanches de Juin à Septembre. Retrouvez le programme sur lessenteursduclaut.fr

La parole le clavier est à vous !

• Utilisez-vous les huiles essentielles et/ou les hydrolats ? Avez-vous déjà visité une distillerie ?
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