Il y a quelques mois, avec l’amoureux, nous avons décidé (suite à une vidéo qui a créé comme un électro-choc en nous) de changer du tout au tout notre façon de consommer. Bien sûr cela ne peut pas se faire du jour au lendemain, et cela demande une réelle force de volonté pour d’abord modifier les petites choses qui nous entourent, avant de nous attaquer au plus difficile : la prise de nouvelles habitudes qui vont dans le « bon sens » cette fois-ci…
L’image de couverture est une photo d’Antoine GIRET prise en Albanie, partagée sur Unsplash.
J’ai donc eu envie de vous écrire cet article – inspiré des petits et grands changements que je vis depuis plusieurs mois – mais adressé directement comme si vous le viviez à ma place – de façon à peut-être vous inciter à faire un premier pas sur cette voie qui parait souvent bien plus difficile qu’elle ne l’est réellement – si si je vous le jure.
Il ne s’agit pas d’un texte moralisateur, simplement d’un écrit de pistes à suivre, ou pas ! Ça dépend de vous, chacun est libre d’avancer à son rythme sur la voie du zéro déchet, en empruntant les chemins qu’il souhaite.
J’ajouterai que comme tout humain, je ne suis pas parfaite. Changer sa manière de consommer en réduisant ses déchets est certes une urgence climatique et écologique, mais ce n’est pas une course, et encore moins une compétition ! Chacun doit y aller à son rythme, libre d’adopter ou non les gestes qui lui parlent. Il n’y a pas d’effort inutile.
La « prise de conscience » écologique
Peut-être allez-vous tomber au hasard d’internet et des réseaux sociaux sur une vidéo choc (comme celle sur les déchets que les français mettent dans leur poubelle jaune de recyclage – en pensant faire leur devoir de citoyen éco-responsable – mais qui finissent en réalité dans un container envoyé dans un pays asiatique, que notre État traite ainsi de « pays-poubelle »). Vous ne l’avez pas vu ? La voici.
Vous allez d’abord vous sentir offensé(e), puis très en colère. Vous allez vous demandé « mais comment est-ce possible ? ».
Puis vous allez rechercher des solutions à ce type de problème. Réduire ses déchets OK, mais arriver à zéro déchets va vous sembler totalement utopiste et irréalisable.
Pour partir sur de bonnes bases ou simplement vous renseigner, vous allez acheter (ou emprunter) des livres sur le sujet.
Pour débuter (et comme c’est bientôt Noël) voici ceux que je vous recommande :
- La famille presque zéro déchet (ludique et instructif, il se lit très facilement) de Jérémie Pichon et Bénédicte Moret aux éditions Thierry Souccar.
- La « bible » du zéro déchet par son instigatrice Béa Johnson (plus théorique, moins facile à lire) aux éditions les arènes.
- L’excellent zéro déchet le manuel d’écologie quotidienne simple, pratique et à l’usage de tous, par Julie Bernier aux éditions Solar.
- Zéro plastique zéro toxique d’Aline Gubri aux éditions Thierry Souccar.
Mais aussi en version plus écolo, pour prendre conscience de la situation actuelle :
- Changer le monde ça tient qu’à nous… et tout le monde s’en fout, d’Axel Lattuada aux éditions First. Découvrez aussi sa chaine youtube.
- Comment devenir écolo sans devenir chiant, du professeur feuillage, aux éditions First.
Vous serez encore plus en colère lorsque vous découvrirez que le système tout entier « s’amuse » avec vous – c’est le cas notamment du fameux symbole eco-emballage des 2 flèches rondes l’une dans l’autre, qui ne veut en aucun cas dire que l’emballage est recyclable, mais simplement que la société qui confectionne le produit cotise auprès de la société éco-emballage (chargée de favoriser la prévention, collecte, tri et recyclage par des missions données par l’Etat). Vous sourirez jaune à chaque fois que vous verrez ce petit symbole accompagné du fameux « à jeter ».
Par dessus tout, vous aurez envie que votre salaire – souvent durement gagné – ne serve pas à faire fonctionner/alimenter l’engrenage de cette société de consommation, pollution et gaspillage d’énergie. Vous allez donc vouloir investir votre futur salaire de manière éco-responsable et surtout en accord avec vos pensées profondes. C’est une porte de sortie d’un système semblant nous obliger/contraindre dans nos choix. 🎶 libéréééé délivréééé
Lorsque vous achetez un produit, vous achetez aussi son emballage, les déchets qui ont découlé de sa production et ceux qui résulteront de sa destruction. Vous les payez dans le prix du produit et accessoirement aussi dans les taxes ménagères.
Préparez-vous à avoir peur ! Peur des restrictions multiples, du manque de confort, ou même de la cohérence de votre démarche (par rapport à l’avis des autres, encore et toujours… hélas, il est toujours plus simple de juger les autres, plutôt que de s’observer soi-même) : ne plus manger de viande, ni de poisson, changer de banque, ne plus prendre l’avion, ni la voiture, adopter le minimalisme, décider de ne pas faire d’enfant… et tout le reste ! Ça fait beaucoup trop ! Et vous avez raison car ce modèle de vie radical – certes idéal d’un point de vue énergétique pour la planète – ne peut pas correspondre à tout le monde.
L’envie de réduire ses déchets en changeant sa façon de consommer s’accompagne de petits pas qui « résonnent » en vous (j’aborde ces points parce qu’ils me parlent particulièrement, une notion de plaisir que je ne suis pas prête à totalement abandonner, trouvant que ma vie serait beaucoup moins sympathique sans cela) :
- Si la cause animale est suffisamment grande en vous pour vous donner l’envie de devenir vegan, rien ne vous en empêche. Si non, vous pouvez peut-être simplement diminuer (et non supprimer) votre consommation de viande en choisissant des pièces de meilleure qualité, chez le boucher de votre rue plutôt qu’en grande surface.
- Vous pouvez décider de ne plus jamais prendre l’avion dans votre vie, de ne voyager qu’à proximité, où en privilégiant le co-voiturage, le train, le bus,… Ou vous pouvez réfléchir à votre consommation en terme de voyage, et limiter les vols à un aller-retour par an, en restant un maximum de temps sur place.
- Vous pouvez choisir d’avoir une grande famille remplit de rires d’enfants. Ou préférer l’option de ne vivre qu’à deux, pensant que la planète est suffisamment sur-peuplée comme ça, d’autant que l’avenir envisagé ne vous enchante guère.
Ça peut sembler paradoxal, mais en entamant le mouvement zéro déchet, vous allez peut-être commencer par acheter une « vraie » poubelle (dans le sens jolie/esthétique) pour vous motiver. Et vous allez même en acheter plusieurs, de différentes tailles pour différencier les ordures ménagères, du compost, du verre et de la poubelle jaune. Parce que oui, vous allez vous mettre au compost, après avoir lu les livres cités ci-dessus ! :)
Repenser son alimentation et les courses
Vous allez acheter des sacs en coton, lavables et réutilisables, de différentes tailles pour faire vos courses. Puis, des bocaux en verres et tupperware.
Vous allez recherchez des producteurs locaux autour de chez vous, via les sites https://www.bienvenue-a-la-ferme.com/ ou encore laruchequiditoui.fr– à ce propos pour les antibois et antiboises, le site lepanierduproducteur.com (basé juste après le lycée horticole) propose des fruits et légumes bio, bon, de saison et qui poussent à Antibes ! Cerise sur le gâteau : ils livrent à domicile !
Vous allez cuisiner et ça va vous faire du bien – au moral comme à la santé ! En manque d’inspiration, vous allez vous inscrire à la newsletter marmiton ou pourquoi pas acheter quelques livres…
Vous éviterez le plus possible de devoir vous rendre dans une grande surface – et grand bien vous en fera ! Cela finira par vous rendre dingue de devoir aller à Carrefour un samedi matin en plein mois d’août, et vous serez particulièrement écœuré de perdre un temps considérable au milieu de ce « temple des emballages ». D’ailleurs, vous allez regarder les caddies des autres et avoir des haut-le-cœur.
Au début vous n’oserez plus rien acheter – hormis les fruits et légumes (et céréales en vrac) dont vous décrypterez chaque étiquette de provenance.
Vous allez vous équiper de pailles en inox, et aussi de glaçons en inox. Vos mojitos auront meilleurs goûts puisqu’ils éveilleront la conversation/curiosité et les interrogations de vos amis.
Vous allez utiliser pour la première fois vos sacs en coton dans un magasin bio puis au marché, pour acheter des fruits et légumes.
Vous allez être confronté aux premières remarques des professionnels « vous êtes sûr que vous ne voulez pas de mon sac ? Il est en plastique recyclable pourtant, on fait des efforts vous savez ! » Quelques semaines plus tard – toujours grâce aux réseaux sociaux ou à un blog qui espère vous sensibiliser – vous tomberez sur cette vidéo et vous repenserez tristement à ces mots…
Au marché, vous allez goûter de la viande de boucher – des brochettes de bœuf et de poulet pour le barbecue – et plus jamais vous n’achèterez celle de votre grande surface.
Vous allez petit à petit prendre l’habitude de dire « merci sans sachet, j’ai le miens » / ou « pas besoin du sachet pour ma baguette, merci« .
Au fur et à mesure que le temps passera, vous allez vous en vouloir lorsque vous aurez oublié de le préciser à la boulangerie, ou encore lorsque vous n’aviez pas prévu de passer à la pharmacie et que vous n’aviez pas de sac réutilisable sur vous…
Vous allez acheter une yaourtière et serez fière de déguster vos premiers yaourts maison – accompagnés de vos premières confitures maison aussi. :P
Vous qui détestiez la publicité « ma maman est magicienne… », vous allez pourtant vous renseigner sur l’achat d’une machine à gazéifier l’eau et/ou les sodas – elle fera peut-être même partie de votre liste de souhaits pour Noël prochain…
Petit à petit vous allez vous rendre compte que le mouvement zéro déchet représente pour certain un business, vous poussant toujours plus à la consommation en vous faisant douter de vos choix – « ai-je vraiment besoin de ce rouleau d’essuie-tout lavable alors que j’ai déjà des microfibres ? Et cette brosse à dents à têtes interchangeables, elle est en plastique, une en bambou ne serait-elle pas mieux ? »
Aléatoirement vous allez avoir une rechute (puis, deux, trois, quatre,…) en commandant au drive de votre grande surface et/ou en passant chercher un fast-food parce que « vraiment là j’ai pas le temps ! » :-/
Vous allez vous en vouloir, mais cela ne doit pas effacer tous les efforts aussi infimes soient-ils que vous avez déjà entrepris, ni les marches qu’ils vous restent encore à franchir.
Vous allez découvrir des youtubeuses zéro déchet super sympa (comme friendlybeauty par exemple), et des comptes instagram plus ou moins militant dans la cause environnementale (je pense notamment à celles qui m’inspirent : mellebene, zewami avec ses podcasts Bienvenue à Greenville, sorteztoutvert, julie_pancakes ou encore natasha.ecoverts).
Un allégement de produits dans votre salle de bain
Vous allez révolutionner par étape votre salle de bain, en vous interrogeant sur votre consommation de produits cosmétiques.
Petit à petit et dans chaque pièce de la maison, vous allez prendre du plaisir à adopter une méthode de tri par le vide (un peu façon Marie Kondo). Le principe étant de se désencombrer pour ne garder que les objets que l’on utilise vraiment. Cela permet aussi de prendre conscience de sa façon de consommer/acheter et des plus ou moins bonnes raisons qui nous y poussent.
Vous allez finir vos stock de gel douche et shampooing liquide pour ne pas les gaspiller, et ensuite les remplacer par des versions solides. Vous prendrez d’ailleurs tout autant de plaisir si ce n’est plus, à découvrir des produits cosmétiques à moindre impact écologique. Et vous n’oublierez pas de vous procurer des pochettes en coton ou boites en aluminium pour pouvoir emporter vos savons/shampoings solides facilement en vacances.
Vous allez tester le dentifrice solide – après moult échecs mais gardant votre force de détermination, vous trouverez enfin une marque qui vous convient bien. Vous testerez aussi le déodorant solide, ou opterez pour la pierre d’Alun.
Vous troquerez vos lingettes démaquillantes jetables par des lavables et réutilisables, et vous arrêterez l’usage de serviettes hygiéniques/tampons au profit d’une coupe menstruelle ou encore de protections lavables elles aussi.
Vous utiliserez vos derniers coton-tiges en plastique puis achèterez un oriculi et/ou bien des coton-tiges compostables.
Au fur et à mesure de vos modifications vous verrez qu’il ne sera plus nécessaire d’avoir de poubelle dans votre salle de bain.
Vous allez vous demander si le rouleau de papier toilette aquatube est vraiment écologique ? Vous allez découvrir qu’il rajoute une pollution aux eaux usées en représentant une charge supplémentaire à éliminer pour les stations d’épuration ; plus tard vous serez soulagé(e) de voir que les premiers rouleaux de papier toilette sans tubes existent – mais moins quand vous verrez leur prix.
Si vous en avez la possibilité, vous allez ressortir votre « vieux » vélo, le regonfler, lui refaire une beauté, et l’utiliser pour aller faire de petites courses, ou encore aller travailler.
Comme nous sommes de plus en plus nombreux, que les bouchons occasionnels aux heures de pointes sont désormais permanents et à toute heure, vous vous renseignerez sur les horaires de bus et de train pour circuler plus aisément dans votre région – ce y compris si vous possédez une smart ! :D
Vous allez peut-êtrevous rendre tristement compte que le zéro déchet ne s’applique pas du tout mais alors pas du tout sur votre lieu de travail…
Vous allez profiter de l’été – ou pourquoi pas de votre anniversaire de mariage – pour vous offrir un panier à pique-nique – comme dans le temps, avec des couverts et serviettes lavables ! – et vos amis vous demanderont tout le temps de l’apporter. :D
Vous emporterez votre gourde partout avec vous – en la remplissant de ce que vous voulez, mais toujours en prétextant que c’est de l’eau, à consommer avec modération bien sûr.
Intérieurement vous allez bouillirlorsque vous entendrez au cours d’un repas entre amis un « ah oui, nous aussi on fait notre part, on recycle ! ».
Alors, vous vous rendrez compte que pour certains le zéro déchet est « une mode » de passage. Vous aurez envie de les secouer en leur rappelant qu’un jour il n’auront sûrement plus d’autres choix que de s’y mettre.
Vous commencerez à débattre avec vos proches sur les motivations de votre changement intérieur.
Vous allez être découragé quand pendant les soldes vous rechercherez un vêtement d’été en coton bio et que ce sera la croix et la bannière pour en trouver un à votre taille + sans aucune matière ajoutée dérivée de la pétrochimie + à un prix raisonnable…
Après avoir repensé votre alimentation, vos produits cosmétiques et ménagers, vous allez vouloir regarder d’un peu plus près votre dressing et les informations importantes en rapport avec l’écologie. Vous allez découvrir que si les poissons mangent du plastique (que nous mangeons par la suite) c’est en partie à cause des machines hebdomadaires que vous faîtes pour laver votre linge et tous vos vêtements bourrés de particules microscopiques issues de la pétrochimie et qui partent dans l’évacuation des eaux usées…
Pendant vos vacances, au restaurant vous serez gentiment agacé par une abeille ne cessant de tourner autour de votre table/boisson/assiette et vous lui direz amusé(e) que « rien ici ne se butine » ; puis vous vous offusquerez lorsqu’elle se dirigera vers une table voisine et se fera aussitôt écrasée avec comme remarque « c’est une abeille et alors… ? On n’est pas Brigitte Bardot ! » Vous aurez envie de prendre part à la conversation voisine en rétorquant « si seulement on pouvait faire la même chose avec les crétins dans votre genre… » mais vous vous contenterez de bouillir intérieurement en finissant votre assiette, lançant des regards accusateurs.
Après plus de 2 mois à manger des fruits et légumes qui poussent dans votre ville – à plus ou moins 30 minutes à pieds – vous allez vous demander « et pourquoi je n’essaierai pas d’en cultiver moi-même ? » Vous allez vous renseigner – vous qui n’avez jamais eu la main verte – sur des méthodes de jardinage. Très vite vous allez découvrir ce qu’est la permaculture et ces principes, via des vidéos sur youtube notamment puis l’achat de livres pour compléter. Vous allez faire un plan de votre future exploitation – que vous ayez la chance d’avoir un bout de jardin, aussi infime soit-il ou même juste un balcon pour des aromates et/ou 2-3 légumes. Vous allez retourner la terre, la tamiser, acheter du terreau à la coopérative agricole et suivre les saisons pour enfin planter vos premiers végétaux – un framboisier par ici, oui mais entouré de myosotis pour le protéger des insectes.
Après avoir constaté ces dernières années qu’il n’y avait plus d’oiseaux (hormis des perruches sauvages sur Antibes, on en parle de ça…? Grrrr non, ce n’est pas le sujet) et de moins en moins d’insectes, vous allez tout faire pour recréer une biodiversité dans votre jardin – en plantant des fleurs mellifères, en vous équipant d’un hôtel à insectes, et tant qu’on y est aussi d’abris pour les oiseaux, chauve-souris et hérisson. :)
Vous allez petit à petit « traquer » puis éliminer le plastique de votre vie. Vous rechercherez le nom de son/ses inventeur(s) et vous vous demanderez s’ils referaient cela en connaissant les conséquences sur notre monde.
Enfin, vous découvrirez probablement ce qu’est la collapsologie, et vous rirez beaucoup moins en comprenant que tous ces petits efforts entrepris ne suffiront pas à changer le monde. Mais au fond vous vous sentirez mieux d’avoir récupérer votre « pouvoir » de consomma(c)teur et de faire votre part/devoir de colibri.
Cette liste n’est bien sûr pas exhaustive, et elle évoluera encore en fonction du temps qui passe et du développement de votre propre conscience écologique.
Et vous, où en êtes-vous dans votre changement de façon de consommer ?
- Êtes-vous adepte du zéro déchet ?
- Qu’est-ce qui vous parait être le plus contraignant ? et a contrario, le plus simple ?
- Quels autres changements ajouteriez-vous à cette liste ?
Super intéressant, je ne m’étais pas rendue compte de l’investissement en temps que tout cela représente.
Je ne suis pas prête pour certaines choses. J’ai dépassé le stade du « oui mais je trie mes déchets ». Petit à petit j’adopte de nouveaux gestes. La prochaine étape : lingettes lavables pour mon bébé… à suivre. Et merci
Un pas après l’autre, le but étant déjà de prendre conscience, puis d’avancer à son rythme. On ne sera pas les mêmes dans 1 an, 5 ans puis 10 ans, mais chaque geste compte (et fait du bien).